Le passage du couple amoureux au couple parental est un bouleversement important dans la vie d’un couple. Il se fait rarement sans accroc, sans remise en question et sans une redéfinition profonde du cadre, de l’identité, de l’équilibre et des limites de chacun.
Ces derniers mois, le « baby clash » est sur le devant de la scène médiatique. Longtemps tabou, cette période d’arrivée d’un bébé était vue comme une idylle, un moment d’accomplissement que rien ne pouvait perturber. Aujourd’hui, on ose en parler, le dire et l’accepter : la réalité est tout autre !
Les besoins intenses de notre bébé, le manque de sommeil, les divergences sur la vision de l’éducation, la fatigue, la libido parfois en berne,... sont autant de facteurs qui peuvent mettre à mal le couple les premiers mois, voire les premières années de vie de notre enfant. D’autant plus que nos cerveaux de parents vivent une profonde réorganisation (voir article) !
Alors comment surmonter le « baby clash » ? Je vous partage ici un petit guide de survie pour jeunes parents en 5 points !

1. Gérer les attentes :
La société véhicule souvent des images idéalisées de la parentalité, ce qui peut créer des attentes idéalistes. Soyez réalistes quant à ce que vous pouvez accomplir chaque jour et soyez indulgent.e envers vous-même. N’acceptez aucune injonction. Vous êtes les maîtres de votre parentalité comme de votre couple.
Imaginez-les et construisez-les tous deux à votre image.
IL N’EXISTE AUCUNE RECETTE miracle, aucun mode d’emploi mis à part le vôtre ! Et cela s’applique à tous les aspects de votre nouvelle vie, tant sur le plan affectif que sur le plan organisationnel.

2. Prendre soin de ses besoins :
Votre enfant a besoin de parents qui vont bien pour prendre soin de lui. Nos tout-petits sont des éponges, ils ressentent notre stress, nos émotions agréables comme désagréables. Savoir déléguer lorsque nous nous sentons submergés, demander de l’aide, du relais, ne fait pas de vous un mauvais parent, bien au contraire. Accepter la différence de chacun est essentiel. Peut-être aurez-vous besoin d’être collé.e à votre bébé, peut-être aurez-vous besoin de moments rien qu’à vous. Dans tous les cas, c’est ok.
Mais n'oubliez pas que nous sommes tous différents et de ce fait votre partenaire aussi. Acceptez que votre partenaire soit différent et ait des besoins différents des vôtres, sans jugement, ni à priori est essentiel pour ouvrir le dialogue et pour vivre une relation respectueuse.

3. Parler et encore parler :
La période post-partum peut être intense pour votre relation. Communiquez ouvertement avec votre partenaire sur vos besoins et vos émotions. Parlez de votre vision de la parentalité, de l’éducation. Vous êtes aujourd’hui bien plus qu’un couple amoureux, un couple parental, c’est-à-dire une équipe. Les premiers mois de notre vie de parents peuvent vite s’apparenter à un marathon. L’imaginer plutôt comme une course en relais peut être un changement de paradigme aidant. Faites le point sur vos capacités et vos besoins, sur vos attentes réciproques pour pouvoir vous appuyer sur votre partenaire de la façon la plus fluide et aidante possible.
Avant d’avoir des enfants, nous avons de nombreuses convictions : mon enfant ne dormira jamais avec moi, je l’allaiterai 3 mois, je reprendrai le travail le plus rapidement possible, je ferai ceci et cela… Puis voilà l’enfant dans nos bras et tout ce qu’on avait imaginé et projeté est balayé ! On ne peut jamais savoir quelle mère, quel père on sera avant de l’être. Et c’est tout à fait normal !
Acceptez de changer d’avis, de changer vos priorités, de revoir vos attentes et votre plan initial, mais n’oubliez pas d’en parler avec votre/partenaire. Iel ne peut pas savoir ce qui vous traverse et peut être déstabilisé.e par ces changements soudains si les mots ne sont pas posés.

4. Acceptez la dispute :
Un couple qui va bien est un couple qui se dispute bien. Une étude américaine a étudié la longévité des couples en fonction de la façon dont ils se disputent (voir ici). Bien se disputer, accepter le conflit et être capable de se réconcilier est la clé d’un couple en bonne santé. Ne voyez pas ces disputes comme des attaques personnelles, des coups de poignard dans votre relation. Voyez-y plutôt une chance de comprendre l’autre, de parler de ce qui vous oppose et de ce qui vous relie. Et rappelez-vous que derrière tout jugement, toute critique, il y a un besoin non exprimé (pour connaître les clés de décryptage d’une critique, voir article).
Vous en avez gros ? La technique du « voilà » vous permet de vous confier librement sans que votre partenaire ou votre confident.e ne vous propose de solution. Cette technique peut être particulièrement efficace pour relâcher la pression après une dure journée quand vous êtes à bout, épuisé.e.s ou simplement découragé.e.s.
Le mode d’emploi : vous vous allongez, tête sur les genoux de votre confident.e. Vous avez la possibilité de lancer un chronomètre pour le temps que vous aurez défini ensemble en amont (de 2 à 10 minutes). Sans que votre regard ne croise celui de votre consolateur, parlez, dites tout ce que vous avez sur le cœur, sans filtre. Le partenaire écoute, peut vous caresser la tête ou simplement poser une main chaleureuse sur votre épaule, il ponctue votre logorrhée de « voilà », « voilà ». Ce que vous aborderez pendant ces quelques minutes, vous n’en parlerez plus. C’est le secret de cet espace-là. C’est juste pour vider le trop-plein. Quand le minuteur sonne la fin de l’exercice, vous pouvez vous remercier vous-même en silence. Puis remerciez l’oreille bienveillante de votre compagnon.ne.
(source : la technique du "voilà" Isabelle Filliozat)

5. S’accorder des moments en couple :
Planifiez des moments de qualité ensemble, même s'ils sont courts, pour renforcer votre lien. Durant ces moments, essayez de ne pas parler du quotidien, de votre enfant ou de l’organisation familiale. C’est un moment pour vous et pour votre couple. Les premières fois, sans doute n’y arriverez-vous pas, c’est ok. Plus vous réitérerez l’exercice, plus il sera facile pour vous de vous accorder cette déconnexion.
Beaucoup de couples, pour des raisons financières et organisationnelles, décident de sortir en alterné. Cela peut être une bonne idée pour se ressourcer ; cependant, garder des moments à deux est essentiel pour ne pas s’éloigner et se perdre. Car l’écueil de sortir systématiquement sans son partenaire peut nous faire croire que tous les moments
« fatigants », « désagréables » se passent en famille et qu’être loin de l’autre a meilleur goût.
Pour ces moments à deux, pas besoin de voir les choses en grand. Un moment sur le canapé, un repas à deux… tout peut être prétexte à se retrouver si l’idée d’un restaurant ou d’une sortie n’est pas envisageable pour vous. Encore une fois, écoutez-vous ! Vous avez des sueurs froides à l’idée de laisser votre bébé quelques heures ? Ne vous forcez pas et imaginez ensemble comment organiser ces moments de retrouvailles.


Et si tout cela ne marche pas ?... Si vous ne vous sentez plus la force, l'énergie, si le dialogue est rompu, se faire accompagner soi et son couple est le plus beau cadeau à faire à votre famille.
| Je suis Manon Yerles, thérapeute familial spécialisé en parentalié. Je reçois parents et enfants en consultation individuelle de couple ou familiale à mon cabinet sur Nantes.
Pour aller plus loin :

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